ESG et supply chain : comment atténuer les risques ?

Donna Wilczek
Donna Wilczek
Senior Vice President, Strategy and Innovation, Coupa Software

She is an executive sponsor of the Coupa Executive Advisory Board and an inventor with multiple software patents.

Temps de lecture : 8 mins
ESG et supply chain : comment atténuer les risques ?

Les entreprises saisissent aujourd’hui toute l’importance d’avoir un impact positif sur le monde qui les entoure. Plutôt que de se contenter de générer des profits, elles s’investissent désormais dans des causes sociales. Il s’agit non seulement de la bonne voie à suivre, mais également de la stratégie adoptée par les entreprises pour s’adapter aux pressions qui les exhortent à améliorer leurs objectifs ESG (Environnement, Social et Gouvernance).

La pression émane de différents acteurs : les collaborateurs qui souhaitent mettre leurs compétences au service d’entreprises œuvrant pour le bien de la société, les clients qui achètent des biens et services auprès d’entreprises dont ils partagent les valeurs et, enfin, les investisseurs et institutions financières qui, outre la qualité des produits et les indicateurs financiers, tiennent compte des performances ESG pour faire leurs choix d’investissements. Il n’y a aucun doute : les engagements ESG sont essentiels pour les relations avec les investisseurs et le message de la marque.

On observe également une pression réglementaire accrue en matière d’ESG, exercée par les gouvernements et les organismes internationaux. En effet, de nouvelles lois contraignent les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, à préserver l’environnement ou à lutter contre les pratiques contraires à l’éthique, aussi bien dans le cadre de leurs propres opérations que dans les relations qu’elles entretiennent avec les fournisseurs directs ou tiers et les sous-traitants au sein de leur supply chain.

Téléchargez notre rapport ESG pour découvrir comment limiter les risques ESG pour votre supply chain et tirer parti du pouvoir de vos dépenses.

Les réglementations mondiales, l’opportunité de produire un impact ESG

À titre d’exemple, au mois de mars de cette année aux États-Unis, la SEC (Securities and Exchange Commission) a proposé de nouvelles règles de reporting concernant les déclarations liées au climat1. En janvier 2023, la loi allemande relative au devoir de diligence au sein de la supply chain entrera en vigueur. Les entreprises seront alors dans l’obligation de surveiller leur supply chain afin de détecter les éventuelles violations en matière de droits humains et de garantir la conformité aux normes environnementales. Au mois de février, la Commission européenne a adopté une proposition de directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité2. En outre, il existe déjà au Royaume-Uni le Modern Slavery Act3, ainsi que des réglementations similaires en Australie4, imposant aux entreprises de lutter contre l’esclavage moderne et la traite des êtres humains au sein de leur supply chain, et de publier des déclarations concernant leurs actions en ce sens.

S’il est important pour les entreprises de réfléchir à la façon de se conformer à ces nouveaux dispositifs législatifs, elles doivent aussi y voir une excellente opportunité. Celles d’entre elles qui considèrent sérieusement la réalisation de leurs objectifs ESG, l’examen et l’optimisation de leur supply chain produiront le plus grand impact, étant donné que le risque éthique et l’empreinte carbone d’une organisation sont principalement liés à sa supply chain. Selon un rapport de McKinsey sur la durabilité des supply chains5, une supply chain classique génère un coût social et environnemental bien supérieur à celui des opérations de l’entreprise, représentant plus de 80 % des émissions de gaz à effet de serre et plus de 90 % de l’impact sur l’air, les sols, l’eau, la biodiversité et les ressources géologiques.

L’évaluation des références ESG des partenaires directs et tiers au sein de la supply chain doit devenir une priorité pour toutes les entreprises, en particulier pour celles devant se conformer à la nouvelle réglementation allemande sur le point d’entrer en vigueur. Voici quatre bonnes pratiques à adopter pour les organisations concernées.

Les zones d’ombre, de véritables entraves aux progrès en matière d’ESG

Les entreprises ont-elles conscience de cette opportunité ? Sont-elles suffisamment préparées pour faire face aux réglementations à venir ? Pour le savoir, Coupa a mené une étude auprès de 800 dirigeants d’entreprise comptant plus de 1 000 collaborateurs répartis sur différents territoires : Allemagne, Australie, États-Unis, France, Royaume-Uni et Singapour. Les résultats de cette étude sont actuellement disponibles.

En voici quelques éléments :

  • Il ressort clairement que la grande majorité des entreprises prennent leurs engagements ESG très au sérieux. Presque toutes ont ainsi déclaré qu’il était important pour elles d’améliorer l’efficacité énergétique (94 %), autant que de réduire les émissions (91 %), de lutter contre l’esclavage moderne (89 %) ou encore de renforcer la diversité au sein de la supply chain (89 %).
  • La plupart des entreprises agissent en accord avec leurs principes et investissent en vue d’atteindre leurs objectifs ESG, notamment en achetant ou en développant de nouvelles technologies (64 %), en améliorant et en élargissant leurs compétences en matière de législation et de conformité (62 %) ou en acquérant de nouveaux outils de mesure et d’analyse (59 %).
  • La quasi-totalité des entreprises interrogées (97 %) reconnaissent l’importance d’évaluer avec précision les risques ESG et la conformité des partenaires de la supply chain afin de respecter toute réglementation future. 
  • Cependant, environ deux tiers (65 %) des organisations sont dans l’impossibilité de déterminer si leurs fournisseurs les plus proches respectent les normes ESG, tandis que 57 % d’entre elles ne disposent d’aucun système de gestion des risques associés à l’intégrité ESG de leur supply chain. Pour les entreprises soumises à une obligation de conformité à la loi allemande relative à la supply chain ainsi qu’aux réglementations ESG à venir, c’est un problème majeur.

De plus, comme le savent bon nombre de décideurs, les événements imprévisibles peuvent avoir des conséquences désastreuses sur la supply chain, forçant les entreprises à trouver des partenaires alternatifs en un temps record. C’est pourquoi nous avons demandé aux entreprises dans quels délais elles pouvaient trouver ou remplacer un fournisseur en accord avec leurs valeurs ESG. Les réponses ont été décevantes… Plus de 42 % des répondants ont déclaré qu’il leur faudrait probablement quelques mois au moins, pour autant que cela soit possible.

Cette inertie expose fortement les entreprises, particulièrement en cas de violation des droits humains ou d’atteinte à l’environnement. Elles sont ainsi face à un risque important de non-conformité au regard des réglementations et sont passibles de lourdes sanctions (y compris d’amendes).

Atténuer les risques ESG au sein de votre supply chain

Comment les entreprises peuvent-elles alors gérer ces risques ? Dans notre rapport, nous explorons plusieurs options, notamment la nécessité de mettre en place des supply chains résilientes et d’identifier les défaillances en matière de performance lors du processus de design de la supply chain.

L’un des éléments les plus importants consiste dès lors à commencer à collecter les données concernant les références ESG des fournisseurs. Procéder ainsi à grande échelle, de manière efficace, tout en veillant à ce que ces données parviennent rapidement aux décideurs, est un enjeu de taille. Bonne nouvelle : Community.ai peut vous aider. Nous avons la conviction que rien n’est plus puissant que l’intelligence collective, et que la collaboration ainsi que le partage de données à l’échelle du secteur évitent la démultiplication des efforts, permettant ainsi à tous de gagner du temps et de réaliser des économies. 

L’approche communautaire dédiée au partage de données aide les entreprises à faire évoluer leurs engagements ESG en fournissant des insights sur la façon d’optimiser le design de la supply chain, avec, pour finalité, la réduction des émissions de CO2 et l’évaluation rapide des risques ESG liés aux fournisseurs. Les entreprises sondées ont presque unanimement admis (99 %) qu’un partage de données ouvert et transparent leur donnerait la possibilité d’évaluer plus précisément les risques et la conformité ESG de leurs partenaires de supply chain à travers le monde.

Vous trouverez de nombreux insights supplémentaires au sein de notre rapport que vous pouvez télécharger dès à présent


Sources :

1 SEC Proposes Rules to Enhance and Standardize Climate-Relate Disclosures for Investors, SEC.gov, 14 mars 2022

2 « Devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité », Commission européenne.

3 « Modern Slavery Act 2015 », legislation.gov.uk, 26 mars 2015.

4 « Modern Slavery Act 2018 », Australian Government Federal Register of Legislation, 2018.

5 « Starting at the source: Sustainability in supply chains », Anne-Titia Bové, Steven Swartz, McKinsey Insights, 11 novembre 2016.